Hervé GOUBE
Parcours
1972-79 . Ecole d’Architecture de Versailles.
1980 . Diplôme d’Architecte D.P.L.G.
1980 . DEA Histoire de l’Architecture à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes,
directeur Mr. Jacques Le Goff.
1981 . Lauréat d’une Bourse d’étude en Italie, Université de Florence.
Etudes des cités médiévales d’Ombrie. Découverte des Primitifs italiens.
1987 . Lauréat de la Bourse “La Villa Médicis Hors Les Murs” à Venise.
1982-98 . Architecte Libéral
Projets urbains, immeubles d’habitation , demeure particulière.
1996 . Activité de Peintre et Sculpteur.
2010 . Médaille Arts-Sciences-Lettres.
2015 . Ecriture et Photographie.
Expositions-Publications
1995 .Pavillon de L’Arsenal, présentation de l’Immeuble d’Habitation sur le Bassin
de la Villette, à Paris. Publication: “Guide d’Architecture Paris 1900-2008”.
2002/2005 . Expositions personnelles de Peinture, Galerie Le Soleil Bleu, Versailles.
2009 . Exposition personnelle de Peinture et Sculpture, Galerie Le Soleil Bleu .
2009-17 . Salon de Garches. Présentations de Peintures et Sculptures.
2016 . Recueil de Poésie, “Cette douceur que rien ne sauve, le brise-lettres”.
2016 . Exposition personnelle de Peinture, Galerie Maison sur Pilotis, Paris.
2019 . Exposition personnelle Paroles et Photographies, Centre Culturel de Châtillon.
Mon expression première fut l’Architecture. Mon souci fut d’inscrire chaque édifice à concevoir au plus prêt du lieu qui le recevait. Je souhaitais plus que tout poursuivre l’oeuvre généreuse, continue des générations successives qui patiemment imaginèrent, assise sur assise, des villes métis, des mémoires vives. Je souhaitais renouer quelques fils sectionnés de villes anciennes qui surent tisser des liens ténus, d’infimes délicatesses, de modestes offrandes, des mitoyennetés, des épaulements, des alternances d’ombre et de lumière, de somptueux enchaînements de pierre ou de brique, des fenêtres et des seuils ouverts annonçant l’hospitalité des êtres qui les habiteraient. Telle était ma quête. Le combat fut tendu.
La Peinture, menée parallèlement, prit un jour le relais. A l’inverse de l’Architecture, elle exprime à mes yeux l’intranquillité, la fragilité, l’impermanence de cette terrible beauté des choses qui nous est un instant offerte. De larges aplats superposés, paysages en attente, horizons suspendus, champs de couleurs mates posées contre des noirs. De longs silences parcourus d’éclats, braises, nuées ardentes, pluies noires, menace voilée, lents écoulements, péril discret, élans et vacillements. En contre- point, une nuque s’incline, un dos s’échappe, une pluie d’épaules, une frange, un agenouillement, une caresse de la Terre. L’essentiel, le fragile, le furtif.
Des Sculptures me permirent d’exprimer de nouveau mon goût des belles et chaudes matières, mon désir de simplicité des plans architecturaux. Des sculptures en bois clair découvert en forêt meudonnaise. Bois défaits de leur écorce, polis jusqu’à révélation de leurs veines. Leurs arêtes vives s’allient aux courbes savoureuses. Taille franche et douceur mêlées. Des blondeurs de miel se glissent entre des nappes ivoire, éclairent un instant l’échiquier noir, se révèlent et s’estompent.
Seulement les faits sont là, têtus, implacables. Les menaces se précisent jour après jour. Les scientifiques du monde nous le démontrent. Nous sommes désormais dans l’oeil du cyclone Climatique. Un extrême Péril menace notre existence même sur cette petite planète bleu ciel. Il me conduit soudain à privilégier l’expression Ecrite et Photographique. Quelques mots portés sur des images répondent, me semblent-il, à l’urgence des temps présents. Des paroles déposées sur le visage, sur le dos d’une Terre blessée, humiliée, mise à nue devant tous, battue à mort, jeune femme muette, généreuse et naïve qui nous reçut sans nous connaître, nous offrit tout, endura bientôt notre présence cruelle, envahissante, cupide, dévastatrice !
La Terre fut encore pour BONNARD et MATISSE un Eden possible le temps d’une vie brève. Elle est pour tant d’autres aux commandes aujourd’hui, une Exploitation forcenée, du matériel à disposition, métaux rares, banquise bientôt soumise, bêtes en fuite, Amazonie brûlée vive ! Il appartient à chaque artiste, chaque être humain d’alerter, de témoigner. Le temps nous manque, le temps nous est compté. L’assise terrestre se dérobe sous nos bottes de Maîtres Possesseurs. La Terre à vif hurle sa douleur, sa détresse. Elle espérait tant de nous. Elle aurait tant aimé les caresses sur elle de pas menus, légers, amoureux. Elle attendait de nous quelque danse légère. Les Hommes seuls, faisant taire leurs épouses, glissèrent sous l’herbe leurs Ogives Nucléaires, poupées atomiques en faux sommeil, impatientes de servir, promises aux enfants que ces jeune femmes mettaient au monde. Témoigner de notre mortel refus de l’indéchiffrable Mystère du Monde. Témoigner de l’acharnement de quelques Patriarches affairistes et sur-armés à ruiner ce qui reste, espérant sans doute fuir à l’ultime seconde dans l’espace encore respirable pour assaillir quelque autre petite soumise.
Qui admire n’est plus seul, il est relié. Contemplation ou Barbarie !
Retrouverons-nous jamais l’infinie douceur des visages de Piero della FRANCESCA, les pénombres voilées de Venise, Assise ou Sienne, l’infinie tendresse de Pierre BONNARD qui retiré dans son ermitage du Cannet aux fenêtres grandes ouvertes, nous offrit à égalité les présences terrestres, le jaune pâle du mimosa de son jardin mêlé au bleu ciel d’une nappe ancienne ?