Photographie Nous ne connûmes jamais le visage de la Terre à vif qui cette nuit nous quitta.A l'aube la Terre s'échappe. Cette toute jeune fille en pleurs regrette au loin les singes, les enfants, les chiens errants, Matisse, les contemplatifs, les anges modestes sans ailes, les innocents, les âmes minuscules, discrètes, respectueuses.Au loin prêt de la fenêtre, un ange modeste sans ailes, une douce enfant qui aurait tant aimé sauvegarder la Terre. Une âme discrète pleure sans bruit.Vaines offrandes et vains conflits, la mort survient reçue des dieux, reçue de nous.Sous la flamme de l'offrande, le clou qui tuera ce soir l'enfant-malade !Entre les plis d'une ville ancienne, une perle.Incertaine filletteSur divin décret, à midi Marie meurtSous le sable, un présent de son père ingénieur atomique, une ogive nucléaire pour petite Marie !Quinze secondes avant la bombe, Marie les yeux baissés murmure, tu sais, je t'aime peut-êtreAdieu à l'enfance d'une petite Terre en pleurs qui nous reçut quelques instants.Petite Terre, nous voulions ta peau ! Tu nous fuis, c'est justice.Petite Terre, nous nous effacerons, poursuis seule ta danse dans la nuit des temps, oublie-nous, pardonne-nous...Petite Terre à vif s'échappe ce soirUne ombre humaine, au sommet des marches du Monde, apparaît disparaît qui saitLe lourd, le très lourd pas de l'homme sur l'épiderme de la Terre.A l'orée de la vie, Marie fine jeune fille qui jamais ne blessera la Terre.Une incertaine clairière glissée dans la Nuit des Temps, soudain la vie paraît.L'homme, en offrande, nous offre ses forêts.Les volets battent, une promesse ce soir, qui sait, d'hospitalité.Frémissements sur une vitre. De jeunes arbres émerveillent cette ville ancienne !Une lueur, une présence, un visage qui sait Car chacun rêve secrètement d'habiter les deux rives, ici et ailleurs, un peu plus loin, de l'autre côté.Ce soir, cette nuit, partir !Une ville ancienne, une ville métis !Un vent d'Afrique contre ma vitre, habiter au loin !Vertige suicidaire de la pure vitesse quand d'autres restent immobiles, contemplent les offrandes de la Terre, ses infinies nuances.Sur moi ce matin, le regard de l'arbre.Une fenêtre reste pour celui qui erre la promesse d'une présence humaine.Ville ancienne, légère et vive, appui furtif ! Précédent Suivant